La pièce rouge [...]. Constitution d'une collection pour soutenance.
Lors d’une séance d’accrochage en atelier à l'université, en 2019, j’ai exposé La pièce rouge (aujourd'hui intitulé, l'impossible deuil, la pièce rouge [...] étant l'introduction à mon mémoire de master), alors en cours de conception. Se présentant sous la forme de lés découpés dans des bâches imprimées suspendus à une tringle, l’ensemble couvre un espace mural minimal type de 3 mètres. Les largeurs des bandes et les espaces entre elles ne sont pas identiques, et ceci répond à un protocole opératoire de découpe complexe. Il est prévu que cette pièce se métamorphose en installation sculpturale modulaire. Mon idée est de transposer dans une œuvre, la mise en examen, et la résolution de ce qui, dans la mémoire transmise par mes aïeuls, est à l’origine de ma vocation artistique. Car, aujourd’hui je dois, pour avancer de nouveau, faire le deuil personnel du deuil collectif ancestral. Le poète Antonin Artaud est l’auteur d’une maxime célèbre qui illustre bien la catharsis : « Nul n’a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé, que pour sortir en fait, de l’Enfer. »(1).
J’ai cherché dès l’adolescence, un moyen de me sortir de cet héritage traumatique. La création artistique m’a aidé à l’apprivoiser progressivement. En 2010, j’ai pu véritablement l’affronter lors d’une mission de direction artistique d’une scénographie d’exposition aux Archives départementales, à Vannes, dont le titre était : « 39/45 : le Morbihan dans la Tourmente.»(2). Pour illustrer les affres du rationnement, et le marché noir, j’ai recréé le plus fidèlement possible, l’épicerie de mon arrière-grand-mère. C’est un espace exigu, presque un couloir, aux parois rouges, avec son comptoir dissimulant une trappe secrète. La loge est remplie d’objets du quotidien glanés dans les collections patrimoniales, mêlés à mes propres créations, des petits moulages à effets spéciaux. Sans m’en douter vraiment, j’ai reproduit la méthode de Louise Bourgeois dans la Red room (Child).(3) [...]
1. Antonin Artaud, Van Gogh, le suicidé de la sociétés,1947, cité par Evelyne Grossman, Œuvres, Paris, Gallimard, collection Quatro, 2004.
2. voir mon site d'artiste : https://marigwalarn.wixsite.com/info
3. Louise Bourgeois, Destruction du père, reconstruction du père, écrits et entretiens, rassemblés par Marie-Laure Bernadac et Hans Ulrich Obrist, Paris, D. Lelong, 2000.