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Mémoire La Pièce rouge [...]

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Rencontre/interview de Barbara Wildeneboer, artiste

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Théorie de la création actuelle

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Rencontre avec Barbara Wildenboer - interview
par Valérie Galerne a.k.a. Mari Gwalarn - 27 novembre 2020
Acte pour le séminaire Art et Edition, animé par Marie Boivent
Université de Rennes 2 - UFR ALL - Classe de Master Art Pla Recherche

Barbara Wildenboer est une artiste contemporaine, née en 1973, et originaire de Pretoria, en Afrique du Sud. Influencée par les théoriciens d’une éco-philosophie, elle produit des collages oniriques, des sculptures composées d’assemblages d’objets récupérés, puis, comme génétiquement modifiés. Passant par le prisme du rêve, sa vision démantèle le temps et l’espace, puis sa main recompose des images étranges, voir paradoxale, aux effets hypnotiques. Library of the Infinitesimally Small and Unimaginable Large, son projet actuel inspiré de la nouvelle The Library of Babel de l'écrivain argentin Jorge Luis Borges, utilise la bibliothèque et les livres qu’elle contient, comme métaphore de l'univers. Suivant son actualité sur les réseaux sociaux, et souhaitant en apprendre un peu plus son travail, je lui ai proposé un court entretien(1).


Valérie Galerne : Bonjour Barbara Wildenboer, […]. Est-il déjà possible de voir vos créations en Europe?
Barbara Wildenboer : J'allais participer à la foire d'art contemporain AKAA (Also Known As Africa) qui devait avoir lieu à Paris, au début du mois, mais qui a été annulée en raison du récent confinement. Je suis affiliée à L’Air Arts, un programme de résidence d’artiste basé à Paris, mais qui ne travaille pas encore directement avec des galeries en France.


V.G. : Il est assez difficile de résumer votre travail. Il est tellement diversifié, mais très reconnaissable au premier coup d'oeil. Pouvons-nous dire que vous êtes une artiste du collage, ou est-ce trop simpliste ?
B.W. : Artiste du collage, serait une description juste, mais je pratique souvent dans d'autres médiums tels que l'installation, la vidéo et la photographie.


V.G: Dans plusieurs entretiens, vous expliquez l'importance de ce que vous obtenez de l'observation de la nature et évoquez les angoisses face au changement climatique. Vous interrogez la place des humains dans leur environnement à travers votre art ?
B.W. : Beaucoup de mes idées ont été inspirées par un philosophe environnemental contemporain du nom de Glenn Albrecht, lui-même influencé par les idées de Guattari et Deleuze. C’est précisément l’idée de la solastalgie qui m’a interpellé.


V.G. : J’ai tout de suite remarqué l’utilisation que vous faites des livres pour votre projet « Library of the Infinitely Small and Unimaginably Sized ». J’aimerais vraiment savoir ce qui vous a fait utiliser des livres pour une création. Quelles étaient vos motivations au départ ?

B.W. : Le projet LOTISAUS s’inspire d’une nouvelle de Jorge Luis Borges intitulée «La bibliothèque de Babel» dans laquelle il assimile la bibliothèque à l’univers. J’ai exposé ce projet deux fois. La première fois, c’était il y a dix ans, ici, en Afrique du Sud, et il est actuellement exposé dans une galerie à Dubaï. Habituellement, je n’inclus que 2 ou 3 livres modifiés aux côtés d’autres oeuvres dans une exposition personnelle. Je sélectionne les livres pour leur sujet et
leur contenu spécifiques et ils servent de sous-titres ou d’inter-textes pour le reste du travail.


V.G. : Ce projet a-t-il changé, depuis 2011 jusqu’à aujourd’hui? Le faites-vous au cours d’un atelier spécifique?
B.W. : Les oeuvres ont changé en termes d’échelle et de format. J’ai toujours travaillé avec une taille et un format spécifiques. Au fil des années, j’ai commencé à expérimenter des formats très grands et, à l’opposé, miniatures. Je suis également passé de formes rectangulaires rigides à des formats plus organiques et circulaires. Le contenu et le sujet n’ont cependant pas vraiment changé. Je continue à travailler principalement avec des textes éclairés par la
science et l’histoire naturelle.


V.G. : Il semble que vous réussissiez à faire le lien entre l’oeuvre d’art contemporain et le livre d’artiste en tant qu’objet. Le diriez-vous comme cela ? Ou bien définissez-vous votre travail comme de la sculpture ?
B.W. J’ai été très influencée par les artistes américains comme Joseph Cornell qui, je crois, a été l’un des premiers artistes (aux côtés de Duchamp) à franchir la frontière entre le collage bidimensionnel et la sculpture. Je vois mes oeuvres comme étant les deux.


V.G. : Michelle Prevost, avec qui vous avez réalisé plusieurs vidéos artistiques étranges et hypnotiques, a écrit un essai sur votre travail en juin 2015. Elle met l'accent sur sa dimension narrative, mais aussi sur une forme d'activisme qui évoque de vieilles traditions magiques. Elle a saisi le sens poétique de vos créations. Pouvez-vous m'en dire plus sur cette collaboration ?
B.W. : Michelle Prevost et moi, nous nous sommes rencontrées lors de nos études en art à l'Université du Cap. Depuis, elle est passée à la psychologie, se qualifiant récemment pour exercer en tant que psychologue clinicienne. C'est notre intérêt commun pour la psychologie et plus particulièrement l'éco-psychologie et la psychanalyse qui a fourni un terrain fertile à nos collaborations. C'est précisément son intérêt pour les «Numinous» qui a apporté une
dimension magique à nos collaborations. Mon intérêt pour le hasard, la coïncidence et l'aléatoire combiné à son intérêt pour le mystique a permis et continue d'informer une grande partie de mon travail, car même si nous ne collaborons pas activement pour le moment, elle continue de discuter de chaque nouvelle réalisation.


L’art de Barbara Wildenboer s’expose dans le monde entier, et à la galerie Everard Read à Londres et à Capetown. https://www.everardlondon.com ; https://www.everard-read-capetown.co.za

Pour suivre son actualité :
http://barbarawildenboer.com/ ; https://www.facebook.com/bwildenboer

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1. Cette interview s'est déroulée en anglais. Le texte présent a été traduit en français par mes soins.

 

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Pour citer cet article :

Valérie Galerne a.k.a Mari Gwalarn, "Rencontre avec Barbara Wildenboer, interview.", La pièce rouge [...], site de recherche de l'auteur, [en ligne], acte pour le séminaire "Art et édition", animé par Marie Boivent, Université de Rennes 2, 27 novembre 2020, mis en ligne le 23 aout 2021.

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