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Mémoire La Pièce rouge [...]

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Documentation pour projet d'exposition collective (RONDES)

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L'art est sur e-moi-je

Auto narration - Image document, image instrument

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Projet de film d'artiste

Faire monument, la mémoire du geste

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Gestes d'artistes

Critique d'art

Théorie de la création actuelle

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L’art est sur e-Moi,Je, de l’usage des réseaux sociaux

par Valérie Galerne a.k.a. Mari Gwalarn - 10/01/20

Acte pour le séminaire RONDES, animé par Sandrine Ferret et Florent Perrier

Version retravaillée pour Geste(s) Public(s) : la recherche en action, animé par M.Hohlfeldt et E. Delprat

Université de Rennes 2 - UFR ALL - Classe de Master Art Pla Recherche

L’artiste auteur ne peut pas se passer d’interactions avec des tiers : des publics, des diffuseurs, ou d’autres auteurs ; et cela, quel que soit son médium de prédilection. Nous sommes entrés dans une ère particulière, celle du numérique, où tout message est une information, élaborée, codée et retransmise. Ces informations ne demeurent pas dans le « Could computing »  indéfiniment. Elles finissent tôt ou tard par s’afficher sous les yeux d’un « surfeur du web », connecté lui-même à son propre entourage. Il en va de même pour l’œuvre de l’artiste qui est désormais photographiée sous toutes les coutures, puis diffusée en ligne, sous ce format ou bien retravaillée, et ainsi commentée, jugée, évaluée. Cette numérisation est motivée par une mécanique de réseau étendu, sur lequel l’œuvre aura forcement un impact.

Cette évolution dans nos outils de communication transforme progressivement les règles du marché de l’art, provoquant certaines réflexions quant à « l’institutionnalisation des pratiques contre-culturelles », comme le street-art issus de la mouvance graffiti, par exemple(1).  C’est d’ailleurs l’artiste, ou groupement d’artistes, mondialement reconnu, exerçant sous la signature de Banksy, qui, dans l’un de ses films, a vulgarisé un propos résumant bien l’esprit de revanche des oubliés de la critique d’art, qui trouvent une sortie de l’anonymat grâce à ces nouveaux médias manipulables par tous. « Aujourd’hui, nul besoin [...],  de faire de la lèche aux galeries et leurs nuées de prétentieux, pas besoin non plus de coucher avec quelqu’un d’influent. Tout ce qu’il faut, c’est quelques idées et une connexion haut débit ! Pour la première fois le monde bourgeois de l’art appartient au peuple. Il s’agit d’en faire quelque chose.(2) » Banksy, 2010.


Usagère régulière d’internet depuis l’an 2000, année de création de mon premier site personnel en ligne, j’ai adopté, dès leur généralisation en France aux alentours de 2008, les réseaux sociaux dont facebook et ensuite instagram. Je les emploie quotidiennement pour échanger avec mes contacts. Étant déjà l’administrateure d’une page publique sur facebook dédiée à mon activité professionnelle, j’ai naturellement pensé à créer une nouvelle interface afin de mettre en avant certains de mes travaux universitaires : MG (Mari Gwalarn) go back to university.
On peut accéder à cette interface via le lien https://www.facebook.com/pg/valakaMG/photos/  
On peut aussi suivre mon flux instagram en s’abonnant à page : https://www.instagram.com/marigwalarn/

Mettre en scène les éléments de ma progression, médiatiquement, relève d’une stratégie de communication assumée, régie par les valeurs déontologiques de transparence et de rigueur scientifique. Cette honnêteté est appréciée des personnes qui me suivent via les réseaux sociaux. Grâce à cette diffusion, j’ai eu le plaisir de recevoir beaucoup d’encouragements pour mon retour aux études universitaires, majoritairement par des femmes ayant toutes aspiré à une plus grande indépendance, comme celle que procure la reconnaissance par le diplôme. Fortes de cette compréhension partagée des enjeux de notre société, nous nous rejoignons alors toutes dans un même enthousiasme féministe.

Pour décrire poétiquement ce qu’implique le challenge de la diffusion des preuves de ma pratique artistique, dans la facilité permise par les médias internet, j’emprunte l’expression qu’utilise l’artiste Gina Pane pour décrire ses propres performances : « C’est un acte très lucide et en même temps prudent, c’est-à-dire retenu. Je travaille avec le corps comme support, donc le corps qui est un instant merveilleux de l’action de communication des connaissances, […] et qui comporte en lui même la création d’un entre-corps [...] »3.


S’exprimer sur soi-même au travers d’une création, qui fait donc office d’œuvre d’auto-illustration, est un principe répandu dans la culture hip-hop de mes années adolescentes. Depuis cette époque, où, sur scène, mon propre corps est partie intégrante d’une œuvre spectaculaire et patrimoniale4, jusqu’à mes dernières sculptures assemblées en séances participatives, j’ai pu en effet expérimenter l’impact de cet entre-corps. Celle qui m’est apparue comme l’un de mes maîtres en art, Louise Bourgeois, écrit également que ses sculptures sont une représentation de son corps(5).

 

Dans l’échange permanent avec l’autre, j’ai du apprendre à lâcher prise, et intégrer l’idée de la nécessaire métamorphose de mon protocole, en fonction des réactions à son encontre. Encore aujourd’hui, je me rends compte que cela intéresse le public, que j’intègre mes propres anecdotes à l’objet de mon étude. Aussi, communiquer sur les étapes de construction d’une œuvre en les montrant en ligne, permet, en réalité, de coconstruire celle-ci avec les membres de son réseau. Mon histoire racontée à travers elle devient alors la notre. La sculpture, ré-matérialisation de mon propre corps, devient alors notre sculpture figurant le corps de notre réseau. Il est donc juste que je la lui restitue, au moins sous cette forme numérique, et dans ce contexte de diffusion de l’image, dans ce bain l’interconnections qui est sa matrice.

 

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1. Loïc Mazenc, le street art, ou l’institutionnalisation problématique d’une pratique contre-culturelle, mémoire sous la direction de C. Calvignac et F.Cochoy, Université de Toulouse Jean Jaurès, Département de sociologie, 2015.
2. Banksy film, Banksy’s Exit Through The Gift Shop, DVD, 2010, http://www.banksy-art.com/,
http://citations.webescence.com/citations/Banksy
3.Gina Pane. Portraits de femmes artistes, Archive vidéo de l’INA, Art & Culture, 2009. https://www.ina.fr/video/CPD09004509

4.Durant les années 90, membre d’un cercle celtique breton, j’ai voyagé en Europe et fait sur scène avec ce groupe plusieurs centaines de représentations de danse traditionnelle. Dans cette période je découvre le street art par la pratique du graffiti vandale.
5. Louise Bourgeois, citée par Simona Bartolena, Femmes artistes de la Renaissance au XVIeme siècle, traduit de l’italien par Ida Gordano, Gallimard, Paris, 2003, p165-166.

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Pour citer cet article :

Valérie Galerne a.k.a Mari Gwalarn, "L’art est sur e-Moi,Je, de l’usage des réseaux sociaux.", La pièce rouge [...], site de recherche de l'auteur, [en ligne], acte pour le séminaire "RONDES", animé par Sandrine Ferret et Florent Perrier, Université de Rennes 2, 10 janvier 2020, Version retravaillée pour "Geste(s) Public(s) : la recherche en action", animé par M.Hohlfeldt et E. Delprat, mis en ligne le 1er juin 2020.

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