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Tim Ingold - Being Alive [...]

Commentaire de lecture, extrait à propos du dernier chapitre

Pour devoir d'examen d'Esthétique du premier semestre rendu à Monsieur Nicolas Thély

Université de Rennes 2 - UFR ALL - Classe de Master Art Pla Recherche

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[...] Dans le dernier chapitre de son essai Being Alive (2011)(1), dont Making (2013) est le préquel(2), Tim Ingold détaille trois manière de créer.

 

La première trouve ses fondements dans l’histoire du rapport de l’homme européen à la création, et dans le mouvement naturaliste : « Drawing, making, writing » (Dessiner, fabriquer, écrire). Nous y sommes habitués depuis l’enfance. C’est ce que l’on pourrait qualifier de technique classique, que je continue moi-même à appliquer, notamment, dans le cas de créations de commande. On fait un croquis qui représente l’idée que l’on souhaite développer, puis, on fabrique l’objet, l’œuvre, à partir du modèle dessiné. Enfin, on décrit, écrit, sur ce qu’évoque l’œuvre.

 

Le deuxième protocole est celui qu’Ingold désigne par la quête de « façons faire marcher la pensée ou cheminements de pensée/ways of mind walking (anglais)», à savoir « Reading, writing, painting » (lire, écrire, peindre). Cela m’évoque le mode de production d’une œuvre qui s’appuie sur une réflexion, qui en est la traduction synthétique. On peut faire comme l’anthropologue, le lien entre la technique de peinture aborigène, constituée de petits points qui suivent le cheminement de la pensée inspirée de l’auteur, et l’abstraction géométrique conceptualisée et décrite par Kandinsky. J’ai, en 2013, abordé cette méthode lors d’une session de médiation auprès des écoles maternelles du Pays de Fougères. Il s’agissait de faire pro

duire des œuvres par les enfants de ces classes après leur avoir expliqué (tenté de) ce que c’est que des formes abstraites, et la manière dont elles peuvent constituer une image, en interaction entre elles, et dans un ordre qui suit la pensée. Cette initiative m’a fait comprendre que l’acte de peindre est véritablement la fabrication d’un objet-image qui va simplifier la pensée, en la rendant plus universellement intelligible, car sensible. Je l’ai vécu comme une tentative de s’affranchir des codes du langage par l’utilisation de formes simplifiées dans la composition.

 

Le troisième méthode porte le titre de « Drawing together » (esquisser ensemble), soit un processus détaillé comme suit : «  doing, observing, describing » . Je remarque qu’ici le terme anglo-saxon « doing »(sens général de faire) se substitue à « making »(sens de fabriquer). Là, Tim Ingold opère une distinction entre le fait d’observer quelque-chose de près et le fait de décrire, c’est à dire associer des mots à ce que l’on voit. En ce sens que l’on prend le temps de regarder ce qui a été produit, s’en imprégner avant de laisser libre court à ce qu’il évoque. Cette méthode de production rejoint le protocole de thérapeutique comportementale, dit de « méditation de pleine conscience » très en vogue actuellement dans les milieux spécialisés dans le soin des personnes souffrant de troubles psychiques. Le terme « doing » y est remplacé par celui de « participate », l’action pouvant intervenir avant ou après l’étape de lâcher prise qui consiste à laisser passer les pensées, un temps, sans s’y attarder, avant de chercher à s’exprimer. En effet, parce que j’étais un peu trop libre dans mes bavardages, on m’a souvent répétée durant mon enfance cette expression, d’origine biblique: « Il faut tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler !». Je me souviens d’avoir ressenti alors une grande frustration et l’impression d’être tombée brutalement de mon nuage. Je me demande donc tout de même, si, vraiment, cette méthode favorise la créativité...

 

En 2014, lors d’une conférence, a eu lieu une rencontre entre les deux penseurs et anthropologues Philippe Descola et Tim Ingold, visant à rechercher les points communs entre leurs façons de voir le fait « d’être au monde » et leurs expériences sur ce sujet(3). Philippe Descola, en tant que chercheur, explorateur et professeur, s’est intéressé au paysage et à la manière dont les humains interagissent avec leur environnement. L’expression artistique est son objet d’étude, en tant que représentation de l’individu dans l’espace. Tim Ingold, lui est un anthropologue issu des sciences dites dures (biologie), spécialiste du vivant. Il s’est concentré sur les protocoles de création. A l’étude de leurs travaux, on peut distinguer l’intérêt de Descola pour l’ontologie, à savoir l’art observer et décrire les différentes manières d’être, et celui d’Ingold pour l’ontogenèse, c’est-à-dire, le fait de s’attarder sur les manières de changer, d’évoluer, de se construire. Les deux approches sont pertinentes, selon l’objectif que l’on poursuit. En Art, suivant l’interlocuteur qui se retrouve en face, on adopte toujours la technique la plus appropriée au contexte d’intervention.[...]

1.Tim Ingold, Being Alive : Essays on Movement, Knowledge and Description. Routledge, 2011.

2.Tim Ingold, Faire, Anthropologie, Archéologie, Art Et Architecture. Bellevaux, Éditions Dehors, 2017.

3.Thibault De meyer . “Philippe Descola, Tim Ingold, Être Au Monde. Quelle Expérience Commune ?” Lectures, 2019, Lectures.

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Pour citer cet article :

Valérie Galerne a.k.a Mari Gwalarn, "Tim Ingold "Being alive"", La pièce rouge [...], site de recherche de l'auteur, [en ligne], Commentaire de lecture, extrait de copie d'examen d'esthétique, rendue à Monsieur Nicolas Thély, UNiversité de Rennes 2,  mars 2020, mis en ligne le 1er juin 2020.

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