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Droit Culturel

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Droit culturel en tension, rôle de l'artiste dans les Tiers-lieux.

par Valérie Galerne a.k.a. Mari Gwalarn - 10/01/20

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Les droits culturels, énoncés dans la déclaration de Fribourg, concernent  « l’ensemble des références culturelles par lesquelles une personne, seule ou en commun, se définit, se constitue, communique et entend être reconnue dans sa dignité (1). Ils ont été promus en 2007, et reconnus en France par l’article 103 de la Loi NOTRe(2) en 2015.
En 2018, la région Bretagne a porté un programme de recherche-action sur l’intégration de la notion de droits culturels au cœur des politiques publiques(3), en partenariat avec l’organisme Réseau Culture 21. Les représentants des collectivités du département d’Ille-et-Vilaine et des structures du secteur culturel sur ces territoires se sont rassemblés, pour 4 journées d’étude, afin d’appréhender les enjeux de cette notion. Très peu d’artistes-auteurs se sont déplacés comme moi sur ces évènements, qui s’avèrent être finalement décevants car politiquement corrects. Les problématiques liées à l’exclusion de la dynamique culturelle des populations en difficultés économiques ne sont pas traitées, malgré les suggestions de quelques militants(4). La question de la reconnaissance des cultures étrangères n’est jamais abordée, à l’exception du Gallo, apparemment prioritaire sur toute autre langue, même européenne !

 

La ville de Rennes a repris certains des points discutés, dans la plaquette d’information définissant ses engagements, suite aux Etats Généraux de la Culture(5). Ces communications ont surtout consisté à confirmer les programmes déjà mis en œuvre, calmant momentanément les craintes exprimées de réduction des financements de la ville aux équipements culturels. Le département d’Ille-et-Vilaine a transformé la thématique en organisant des journées d’interconnaissance. Un fait souligne encore les restrictions appliquées au dialogue : Alors que les artistes sont théoriquement invités, on me demande, à l’entrée, le nom de la structure que je représente. Je ne dois qu’ à l’aimable soutien d’un élu d’avoir pu participer à la consultation, le fait d’être simplement artiste-auteure « n’étant pas suffisant » ! Je retrouve le même double-discours lors de ma participation au groupe, constitué à l’invitation de Benoît Careil, 11ème adjoint de la ville de Rennes. Une directrice d’association commence les hostilités en affirmant : « Pour une fois, on ne va pas demander leur avis aux artistes sur la question de la Culture. » Des 5 artistes plasticiens s’étant portés volontaires au début, je suis la seule à assister aux ateliers suivants, pendant lesquels, libre statutairement, je prends la parole systématiquement sur tous les sujets... un peu, pour embêter cette méchante dame. Finalement, le seul moment où j’ai véritablement l’impression d’être utile, c’est lors d’un séminaire à la Chambre du Commerce et de I’Industrie où l’on aborde le respect de ces droits, en élargissant le contexte aux tiers-lieux, espaces de rencontres des sphères publique et privées. Sont rassemblés, des acteurs économiques locaux, dont les artistes (considérés donc comme tels), des experts, et des élus. Les espaces en tiers-lieux sont des zones de croisements, investies pour des expérimentations participatives, de type  « Fab Lab, living labs et co-working »(6). Initialement occupés par des professionnels du numérique, les artistes sont appelés à y venir également, principalement, pour rendre plus chaleureuses les missions qui y sont tenues. Ainsi, je participe en 2017, à la construction d’un robot en contexte de Fab Lab, proposé dans le cadre de la mutation d’un centre socio-culturel rural en tiers-lieu. Je conçois l’esthétique humanoïde de l’œuvre collective, et la fabrique avec l’aide active des habitants et usagers(7).

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Cette meilleure prise en compte des capacités de l’artiste indépendant, à juger de l’état de la culture, par les représentants des collectivités, plutôt que par les structures sensées le repérer, est due à la singularité des pratiques artistiques contemporaines. Celles-ci sont perçues comme originales et nouvelles par nature. La compétence du développement économique, toujours en quête d’innovation, relève, justement ici, des politiques territoriales. Qu’ils investissent, en jeunes collectifs, les friches urbaines(8), ou de manière diffuse les zones rurales(9), la présence d’artistes est, de nos jours, identifiée comme un signe d’émergence d’une dynamique créative positive. Ces professionnels sont d’ailleurs motivés par le challenge de l’occupation d’espaces délaissés du monde de l’art et de ses marchés(10). Il est bon de préciser que les études sur le sujet sont menées principalement par des chercheurs des spécialités urbanisme et géographie. Il est d’ailleurs question de la géographie du fait culturel comme d’une approche anthropologique renouvelant la popularité de ces disciplines scientifiques, parce qu’elle s’intéresse davantage à la portée des interactions humaines(11). La mission contemporaine du plasticien est bien de contribuer, par l’animation artistique d’un site, à créer des liens sociaux. « Visualiser, symboliser, et recueillir pour investir un espace »(12)  est une méthode commune entre les artistes, notamment ceux du Street-Art et du Land Art, et les urbanistes.



 

1. La déclaration de Fribourg sur les droits culturels ,texte de référence, 2007. https://droitsculturels.org/blog/2012/06/20/la-declaration-de-fribourg/
2. LOI n° 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République , Article 103, texte officiel.
https://www.legifrance.gouv.fr/eli/loi/2015/8/7/RDFX1412429L/jo/article_103          
3. Recherche-action inter collectivités avec la Région Bretagne, le Département d’Ille et Vilaine, Rennes Métropole et la Ville de Rennes, 4 juin au 27 nov. 2018. https://reseauculture21.fr/blog/2018/05/24/les-droits-culturels-au-coeur-des-politiques-publiques
4. Sonja Kellenberger, « De la participation de collectifs d’artistes engagés aux mouvements sociaux contemporains. », EspacesTemps.net, Travaux,30.05.2011 https://www.espacestemps.net/articles/de-la-participation-de-collectifs-artistes/          

5. https://metropole.rennes.fr/sites/default/files/inline-files/etats-generauxpointetape0118_.pdf    

6. Arnaud Scaillerez et Diane-Gabrielle Tremblay, « Coworking, fab labs et living labs », Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement, 2017. http://journals.openedition.org/tem/4200   

7. voir mon site internet, https://marigwalarn.wixsite.com/info   

8. Emmanuelle Maunaye, « Être jeune artiste dans un squat : approche de la construction des identités [...] », Communication présentée aux 1ères Rencontres jeunes et sociétés en Europe et autour de la Méditerranée, Marseille, 22-24 octobre 2003. http://www.fraap.org/IMG/pdf/maunaye.pdf   

9. Claire Delfosse et Pierre-Marie Georges, « Artistes et espace rural : l’émergence d’une dynamique créative », Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement, 2013. http://journals.openedition.org/tem/2147     

10. Raphaël Cuir, Pourquoi y a t’il de l’art plutôt que rien, Archibooks,2009, éd.augm. 2014.     

11. Grésillon, Boris. « Ville et création artistique. Pour une autre approche de la géographie culturelle », Annales de géographie, vol. 660-661, no. 2, 2008, pp. 179-198. https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2008-2-page-179.htm
12.Aili Vahtrapuu, « Le rôle des artistes dans la revitalisation des espaces urbains en déclin », Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement, 2013, p. 107. http://journals.openedition.org/tem/2043

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Pour citer cet article :

Valérie Galerne a.k.a Mari Gwalarn, "Droit culturel en tension, rôle de l'artiste dans les Tiers-lieux", site de recherche de l'auteur, [en ligne], Université de Rennes 2, 10 janvier  2020, mis en ligne le 1er juin 2020.

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