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Mémoire La Pièce rouge [...]

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L'art est sur e-moi-je

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Effets de la globalisation

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Créolisation, droits culturels, mondialité

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CR de conférence :

Ron Laboray, « The way we connect with each other at the core of globalization »

«  Tu vuo fa’ l’américano ! »(1)

Ron Laboray, artiste plasticien et chercheur américain, enseigne la peinture à la Western Carolina University. Il est invité par l’Université de Rennes 2, dans le cadre du festival « Transversales » dont la 9ème édition s’est déroulée du 27 au 30 novembre 2019. Une exposition de ses travaux s’est ouverte dans le Hall du bâtiment L la même semaine. La conférence à laquelle les étudiants en Art ont été invités à assister est la deuxième des trois rencontres avec lui, prévues au programme.
La session étant en langue anglaise, certains élèves de master volontaires se sont chargés de la traduction simultanée en français, en se relayant,  par binômes.
L’artiste est administrateur d’un site internet consacré à son travail : https://www.ronlaboray.com/

Ron Laboray suit trois sujets d’études pour ses recherches : le phénomène de globalisation culturelle, la représentation du temps et les orientations des choix artistiques de ses pairs.

En globe-trotteur aguerri, il observe, dans les pays qu’il visite, l’apparition de signes d’appropriation de symboles issus de la culture populaire américaine. En Europe de l’Est, certains monuments à la gloire de soldats de l’armée soviétique sont repeints par des street-artistes, aux couleurs des super-héros des comics américains, comme à Sofia en Bulgarie 2. A Budapest en Hongrie, c’est le personnage de l’inspecteur Colombo, incarné à la télévision par Peter Falk, acteur américain dont le père est hongrois d’origine, qui fait la joie des touristes sous la forme d’une statue de bronze à échelle 1. Que cela soit Super-man ou encore la poupée Barbie, ces archétypes se retrouvent partout sur la planète où le commerce mondialisé s’exerce.

La profusion de ces signes questionne l’opinion américaine, toujours en prise avec sa quête identitaire.
Ron Laboray nous explique comment sa rencontre avec ces symboles culturels entraîne la matérialisation d’artefacts aux formes abstraites. Après une analyse pointilleuse de l’image, il la décompose en strates, qu’il associe aux dégradés de tons de l’objet originel. Ensuite, il laisse s’écouler mécaniquement les peintures sur un support. Les couleurs s’étalent en cercles concentriques sur des cartes géographiques, aux endroits précis où se situent les histoires associées aux personnages qui l’inspirent. Émergent également des colonnes de résine aux stries horizontales superposées, telles des carottes géologiques, des objets synthétiques qui sont des œuvres de re-création.

Cette manière de décomposer la matière par couches successives, l’artiste l’a tient de son expérience de la fouille archéologique. Il emploie ainsi, pour construire ses œuvres graphiques, la loi de superposition, qui veut que plus l’on creuse la croûte terrestre profondément, plus les objets que l’on y retrouve s’avèrent être anciens. Sur le papier, par la main de Ron Laboray, le dessin témoin d’un évènement passé apparaît en arrière plan, ses contours étant toujours plus flous que ceux du sujet représenté au premier plan, d’actualité plus récente. Cette matérialisation visuelle du temps qui s’écoule, ne sert pas seulement à écrire l’Histoire d’une autre manière, mais aussi, par fantaisie, à créer des associations de faits qui n’ont à priori aucun lien entre eux. Pour cela, quelle que soit la ressource documentaire de base, l’artiste laisse faire le hasard et classe les informations qu’il reçoit par ordre d’arrivée, formant alors une chronologie inédite qui se retrouve dans sa composition.

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« Work go after work », dit’il. En chercheur insatiable, Ron Laboray multiplie les travaux artistiques au gré de ses voyages et des rencontres avec d’autres praticiens au sein des institutions qu’il visite.  Parce que les artistes qui  travaillent avec lui ajoutent leurs propres références à l’œuvre commune, ces créations collaboratives, exécutées in situ, sont bien le produit de l’hybridation culturelle. La collecte de nouvelles données, tant historiques que méthodologiques, par le biais de la production artistique contemporaine, enrichit son propre référentiel. Dans le pur esprit américain, l’artiste vit sa démarche en ayant à cœur de demeurer toujours optimiste et ouvert aux alternatives.

1. Nicola Salemo et Renato Carosone, Tu vuo fa’ l’americano (We no speak americano), 1956, the Carosone sextet, musique (B.O.) du film Toto’, Peppino e Le Fanatiche, Mario Matoli, D.L.L,1958. https://youtu.be/utHtDqwf5cQ
2. Monument aux soldats de l’Armée soviétique, 1954, Sofia (Bulgarie), repeint aux motifs de super-héros de comics par des street-artistes anonymes en 2011.

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Pour citer cet article :

Valérie Galerne a.k.a Mari Gwalarn, "Ron Laboray,« The way we connect with each other at the core of globalization »", site de recherche de l'auteur, [en ligne], CR de conférence Ron Laboray dans le cadre du festival Transversales, 29 novembre 2019, Université de Rennes 2,mis en ligne le 1er juin 2020.

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