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Les ombres de la Porte de l'Enfer de Rodin

par Valérie Galerne a.k.a. Mari Gwalarn

Article sur une œuvre inspirante

Travaux d'ateliers dirigés par Marie Boivent et Yann Sérandour

Université de Rennes 2 - UFR ALL - Classe de Master Art Pla Recherche

S’il y a une œuvre qui me fascine depuis l’enfance, c’est bien la Porte de l’Enfer. La construction de ce gigantesque «  journal sculpté d’une vie »(1) aura occupé l’artiste Auguste Rodin (1840-1917), effectivement, durant presque toute sa carrière. Cette pièce lui est commandée par l’état français alors qu’il a tout juste 39 ans. Mais elle n’est effectivement livrée qu’après sa mort. Rodin l’imagine en se référant aux travaux majeurs des grand maîtres de la Renaissance italienne, et s’inspire de l’œuvre de la littérature classique la Divine Comédie de Dante(2). Cette grande porte ne s’ouvre pas, à cause des corps enchevêtrés des hauts-reliefs qui semblent se mouvoir, et communiquer entre eux d’une scène à l’autre. Quand je découvre pour la première fois l’œuvre dans son entièreté, elle fait immédiatement écho à mes premières obsessions personnelles. Dans mon enfance, avec mon imagination débordante, j’entrevois des portes vers l’invisible dans l’environnement campagnard qui m’entoure.

C’est mon premier maître en art, le peintre Georges Ballerat, qui, suite à une observation que je lui fais à propos d’un tableau de Suzanne Valadon(3), le lancement-de-filet, me montre également une photographie de la sculpture Les Ombres, d’Auguste Rodin. Je suis alors fascinée par ce groupe de trois silhouettes aux cous tordus et aux bras tendus vers un même point de convergence, placé au dessus de la Porte de l’Enfer(4). Durant la période de 1995 à 2015, je fais de fréquents allers et retours à Paris. Le musée Rodin du 7ème arrondissement devient l’une de mes haltes préférées, car l’atmosphère y est étrangement calme. On y trouve l’ensemble des collections du maître et de ceux qui ont œuvré autour de lui(5), dont celles de Camille Claudel (1864-1943)(6). Ces dernières sont en grande partie ma source d’inspiration pour la série des femmes-noix. Auguste Rodin est pour moi un instructeur majeur, comme pour beaucoup de ceux que l’on désigne sous le terme de « rodinistes »(7), à savoir, outre ses fans et défenseurs inconditionnels, tous les artistes qui sont venus à la sculpture figurative après lui, depuis ceux qui furent véritablement ses apprentis et assistants, jusqu’à ceux qui, aujourd’hui encore, s’approprient son héritage. Je retiens notamment son traitement des mains « qui entraînent le geste »(8), puis, dans un même mouvement de torsion,  tout le reste du corps.



 

1. Antoinette Le Normand-Romain, Rodin, la porte de l’Enfer, Paris, Editions du musée Rodin, 2002, p.5.  
2. Dante Alighieri, La divine comédie, l’Enfer, texte original traduit et présenté par Jacqueline Risset, Paris, Flammarion, 2004.
3. William Harlan Hale,  traduit de l’anglais par Nathalie Gara, Rodin et son temps 1840-1917, Time Life International, ré-édition, 1976.
4. Marc Restellini, Valadon-Utrillo, au tournant du siècle à Montmartre, de l’impressionisme à l’École de Paris, Pinacothèque de Paris, 2009.
5. Edwige Ridel et Jean-Baptiste Chantoineau, Guide des collections du musée Rodin, Paris, Editions du musée Rodin, 2014, p. 154-179.
6. Bruno Gaudichon, Camille Claudel, 1864-1943, Paris, Musée Rodin, Gallimard, 2008.
7. Catherine Chevillot, Oublier Rodin ? La Sculpture à Paris, 1905-1914, Paris, Editions du musée d’Orsay, 2009, p 105.
8. Hélène Marraud, Rodin, la main révèle l’homme, Paris, Editions du musée Rodin, 2005, p.6 et 7.

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Pour citer cet article :

Valérie Galerne a.k.a Mari Gwalarn, "Les ombres de la porte de l'enfer, de Rodin", La pièce rouge [...], site de recherche de l'auteur, [en ligne], CR des travaux d'ateliers dirigés par Mari Boivent e Yann Sérandour,octobre 2019, Université de Rennes 2,mis en ligne le 1er juin 2020.

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