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Mémoire La Pièce rouge [...]

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Pour un monument aux mortes

Militantisme féministe

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L'art est sur e-moi-je

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Effets de la globalisation

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Créolisation, droits culturels, mondialité

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Commentaire d'image : Patricia Piccinini "The long awaited"

CR des travaux d'ateliers dirigés par Mari Boivent et Yann Sérandour, octobre 2019,

Université de Rennes 2 - UFR ALL - Classe de Master Art Pla Recherche

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C’est avec l’image de cette extraordinaire sculpture hyper-réaliste, The long awaited, diffusée en boucle sur les réseaux sociaux qui se développent alors tout juste en France, en 2008, que j’ai adopté comme modèle l’œuvre de Patricia Piccinini, artiste sculpteure australienne et chercheuse spécialiste de l’économie de l’art. Elle est également une des rares femmes identifiées comme « Stars » de l’Art Contemporain, depuis son entrée sur la scène internationale en 2003,  à l’occasion de son exposition dans le pavillon australien, pour la  « 50ième Biennale d’Art de Venise »(1).

 

Tout le travail de cette conceptrice géniale est consacré à l’élaboration de figures hybrides(2) destinées à provoquer l’éffroi autant que la réflexion chez l’observateur de son œuvre.  En effet, ses personnages monstrueux sont tout à la fois effrayants car figurant le résultat de manipulations technologiques autant que génétiques(3), et aussi attendrissants, par leurs postures humaines(4). Patricia Piccinini dit elle-même qu’elle cherche à utiliser notre capacité à l’empathie pour aborder des sujets polémiques dans l’évolution scientifique(5), de la sélection artificielle au transhumanisme(6).


Militante pour les droits des femmes depuis ma jeunesse, j’ai mis un point d’honneur à toujours défendre nos acquis, et parmi les plus légitimes, celui de pouvoir librement et à tout moment décider seules pour nous-même. Pourtant, l’actualité nous a rappelé, récemment, à quel point les femmes peuvent, dans certains pays et états, être déconsidérées du seul fait d’être nées femmes. Dépossédées de leur droit de disposer de leurs propres corps lorsqu’elles tombent enceintes, les voilà réduites à n’être plus que des véhicules de chair, des matrices dont la seule fonction est reproductive et nourricière. J’ai voulu alors créer un objet qui soit une métaphore de ce phénomène de réification, en employant la méthode de Patricia Piccinini : jouer sur le paradoxe de notre empathie naturelle pour les monstruosités.

 

Il s'agit de La matrice d’éléphant-poule, un monstre en forme de boîte à chaussures, avec deux yeux latéraux jaunes et bordés de cils, une peau de résine épaisse qui évoque celle des lourds pachydermes. Dans la tradition légendaire védique antique, il est raconté que le monde est apparu à la suite de l’éclatement d’un œuf céleste. 8 éléphants femelles et 8 éléphants mâles en sortirent, tous ailés, et montés par les dieux qui peuplèrent la Terre. Au cœur de la matrice, une fois le couvercle retiré, on découvre l’intérieur de l’organe. Un nid, fait de cheveux humains contient trois œufs aux reflets métalliques.L’un d’entre eux est éclos. Un fœtus d’éléphant-poule repose à côté des débris de coquille(7). Un cordon ombilical le relie encore à la substance qui l’enrobait jusque là. Sur son tout petit dos, on remarque un duvet laissant supposer l’apparition de plumes. Il semble vulnérable, sans la protection de cheveux maternels.

 

1. Linda Michel, Patricia Piccinini : we are family, 2003, Strawberry Hills , Australia Council, for the Australian Pavilion at the 50th International Biennale of Art, Venice, 15 June - 2 November 2003.
2. Emmanuel Molinet, « L’hybridation : un processus décisif dans le champ des arts plastiques », Le Portique, journal openedition, 2006, www.journal.openedition.org
3. Anna Malecka, « Limits of the(non) human in contemporay art», université de Wroclaw, Pologne, 2012, www.pkult.wuwr.pl
4. Maria Sofia Pimentel Biscaia, « Loving Monsters, The Curious Case of Patricia Piccinini’s Posthuman Offspring », Nordlit:, Tidsskrift I Litteratur Og Kultur 42, Septentrio Academic Publishing, The Arctic University of Norway, 2019.
5. Patricia Piccinini, « About my work, The Long Awaited », 2008, site personnel de l’artiste www.patricipiccinini.net
6. Andrew James Smith, and Elfriede Dreyer, « Themes of Genetic Engineering and the Homunculus in Patricia Piccinini’s Sculptural Installation, We Are Family »,  De Arte, University of South Africa Press, N° 79, 2009, p.23-33.

7. Voir la rubrique dédiée à mes Travaux.

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Pour citer cet article :

Valérie Galerne a.k.a Mari Gwalarn, "Commentaire d'image, Patricia Piccinini "the long awaited", La pièce rouge [...], site de recherche de l'auteur, [en ligne], CR des travaux d'ateliers dirigés par Mari Boivent et Yann Sérandour,octobre 2019, Université de Rennes 2, mis en ligne le 1er juin 2020.

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